A travers l’analyse de la vision vietnamienne du monde et l’eùtude du bilan des valeurs veùcues par les jeunes du pays face aux nouvelles exigences d’une eùducation aux valeurs, nous avons cru pouvoir en deùgager pour le moment (1968) une constatation d’ordre psycho-sociologique:
La "peùneùtration occidentale", les contingences politico-eùconomiques n’affectaient que la peùripheùrie de l’aâme vietnamienne dont justement les continuiteùs internes sont mises aø jour par l’indeùpendance du pays.

De plus, l’enqueâte que nous avons meneùe sur l’eùchelle des valeurs des geùneùrations actuelles nous incite aø nous pencher sur l’hypotheøse suivante:
Au lendemain de l’effritement visible et progressif des infra-structures du pays, au milieu des atrociteùs d’une guerre alors sans issue, sous l’emprise de plus en plus forte des civilisations eùtrangeøres sur la mentaliteù des jeunes Vietnamiens, il nous semble pourtant permis de penser que: le Viet Nam est deùjaø disponible aø accueillir des nouvelles valeurs du monde moderne, sans cesser pour autant d’eâtre lui-meâme.

Cependant, en pratique, il lui aura fallu comme tant d’autres socieùteùs agraires, assumer son "passage", non par des ruptures successives et inconsideùreùes avec le passeù, mais par l’agencement raisonnable aø une autre forme de vie qui exige une prise de conscience plus nette de son identiteù et une participation plus reùelle et plus efficiente aø la vie sociale, mondiale.

Viet Nam, quel sera ton visage?

A cette question, la conscience de l’eùducateur essaie de chercher une reùponse, et elle n’y arrive qu’aø condition de remettre en question le "message" qu’elle apporte aux jeunes Vietnamiens d’aujourd’hui. En d’autres termes: Quel est le type d’homme que l’eùducateur vietnamien veut former? et quels moyens seront mis en oeuvre pour y arriver?
Formeù il y a 20, 30 ans, il doit aujourd’hui aider les jeunes aø se construire, aø reùaliser leur "devenir adulte" pour vivre dans un contexte, dans une socieùteù bien preùcise dans lesquels ils sont appeleùs aø s’engager 10 ou 20 ans plus tard.

Tel est le probleøme crucial de tout eùducateur oeuvrant dans un monde en mutation, cette "dynamique du provisoire".

L’heure n’est plus celle des calculs des probabiliteùs ou des taâtonnements infructueux, car l’eùducateur du temps moderne doit deùpasser le preùsent qui ne sera pour lui qu’un point d’appui pour s’orienter vers une prospective fondeùe justement sur des donneùes du "hic et nunc" existentiel.

Or, nous avons dit plus haut que le Viet Nam, en deùpit des apparences, est un terrain favorable pour l’accueil du monde moderne graâce aø ses grandes valeurs ethniques existantes. Cependant, aø bien consideùrer, certains "meùcanismes de blocage" psycho-sociaux constitueraient aø l’heure actuelle des entraves temporaires non moins seùrieuses dans l’eùvolution de l’Ecole vietnamienne. Les deùbloquer, c’est en fin de compte, reùpondre aux deux besoins fondamentaux d’une socieùteù en marche: l’identiteù et la participation.

Dans cette 3e partie de notre travail, nous allons eùtudier quelques aspects de ces "meùcanismes de blocage" face aø l’accueil du monde; ensuite, en fonction de ces difficulteùs et aussi des valeurs traditionnelles, nous risquerons quelques perspectives d’une eùducation aux valeurs adapteùe aø ce milieu particulier.

Ce travail, nous le concevons en deux mouvements: deùgager les jeunes des effets de scleùroses sociales, en les aidant aø se personnaliser par la promotion des valeurs veùcues d’une facon plus conforme aux exigences actuelles; ensuite, puisque les valeurs ne peuvent passer que par le truchement d’une culture, notre deuxieøme souci est d’aider les jeunes aø s’inteùgrer dans des communauteùs volontaires locales ouø ils vont pouvoir apprendre aø saisir le sens de leur destineùe personnelle, et conseùquemment, l’impeùratif de leur responsabiliteù vis-aø-vis de la socieùteù elle-meâme.