DEUXIEME PARTIE

POURQUOI UNE EDUCATION AUX VALEURS ?

 

L’eùvolution du Viet Nam dont nous venons d’eùbaucher certaines caracteùristiques permet d’affirmer que le Viet Nam est en train de sortir de son aâge agraire pour entrer dans les temps modernes.

Philippe Muller, dans son livre "La Psychologie dans le monde moderne" a si bien souligneù cette analyse compareùe de l’homme dans la civilisation traditionnelle et de l’homme dans la civilisation moderne que nous avons cru y reconnaitre la meùtamorphose du Viet Nam actuel:
Selon l’auteur, l’homme traditionnel serait caracteùriseù par quatre groupes de traits suivants: immobilisme - preùdominance du collectif sur l’individu - proceùdures de socialisation rudes et non personnaliseùes - eùlimination des conduites volontaires au profit de l’automatisme.

L’homme dans la civilisation moderne par contre, privileùgie l’esprit d’innovation, la diffeùrenciation sociale, l’urbanisation avec le respect de la vie priveùe et enfin la volonteù.
Muller observe aussi que l’homme archaique est un homme "total" parce qu’il vit en situation cosmique soumis aø la nature, aø ses exigences, aø ses rythmes parce qu’il constitue lui-meâme "un petit univers professionnel", parce qu’il "reùsume la socieùteù ambiante" eùtant "coutume incarneùe", bref, parce qu’il est compleøtement enracineù, inteùgreù dans son milieu; tandis que l’homme moderne est un homme "partiel", en rupture de rythme avec le milieu naturel, un personnage ayant beaucoup de roâles diffeùrents, beaucoup de visages divers, des "moi" sociaux qui ne se recoupent pas, hanteù par la queâte de la totaliteù perdue, aø travers toutes ces meùdiations que sont la religion, l’art, la science...

Certes, cette eùvolution ne date pas d’aujourd’hui comme nous l’avons fait remarquer plus haut. On peut dire que le mouvement, si peu perceptible fut-il, a commenceù avec l’arriveùe des commercants et des Missionnaires europeùens au XVIe sieøcle et qui s’est accentueù sous l’occupation francaise (1862-1945).
Mais, c’est durant ces 20 dernieøres anneùes que l’accumulation des changements a imprimeù aø l’eùvolution un tel rythme et une telle ampleur qu’on peut parler aø bon droit de veùritable tournant de l’histoire, tournant reùel avec changement irreùversible d’orientation.

Ainsi, voyons-nous surgir de l’horizon de "nouveaux pheùnomeønes" jusqu’alors inconnus. Certains esprits se troublent, d’autres, plus platoniques, se contentent de constater les faits. Mais dans l’ensemble, quelles seront les reùactions des chreùtiens devant cette eùvolution? Qu’en pensons-nous, eùducateurs vietnamiens?

Ce qui est certain, c’est qu’il faut reconnaitre que le christianisme traditionnel ne nous preùpare pas beaucoup aø l’accueillir, car son eùchelle de valeurs - amour de l’ordre, culte de l’autoriteù, attention aux valeurs asceùtiques (soumission, renoncement) plutoât qu’aux valeurs creùatrices (initiatives, coopeùration) - se touve en deùphasage avec la nouvelle eùchelle des valeurs imposeùes de l’exteùrieur. Allons-nous donc assister en spectateurs aø cette eùvolution, nous disant aø nous-meâmes:
"Apreøs tout, ca passera! Il ne faut pas s’en faire. Les hommes s’agitent, mais Dieu les meøne." Ou nous laissons-nous emporter par la nostalgie vers ces temps passeùs ouø l’on eùtait si tranquille parce que sans probleømes? Serons-nous forceùs de nous laisser envahir par le deùsespoir devant notre impuissance face aø cette mareùe montante qui charie peâle-meâle le bien et le mal et qui menace de tout submerger, tout emporter?

Nous allons examiner successivement l’urgence et le fondement du probleøme d’eùducation aux valeurs dans ce contexte speùcial du Viet Nam, ensuite de faire le plus objectivement que nous pouvons le bilan des valeurs veùcues par les jeunes Vietnamiens, et enfin d’essayer d’eùbaucher un agencement possible entre les valeurs traditionnelles et celles interpeleùes par cette marche vers le renouveau.
Cette prise de conscience de ce "deùphasage" nous invite fortement aø reùfleùchir sur notre roâle d’eùducateur dans ce monde vietnamiem en eùvolution.

C’est l’objectif de cette deuxieøme partie de ce travail.