EN GUISE DE CONCLUSION

Arriveù aø ce point de nos reùflexions, une question, existentielle s’il en est, s’impose avec force: Il s’agit de savoir si notre recherche meneùe jusqu’aø preùsent va effectivement deùboucher sur et dans le concret de la vie, si elle va s’eùpanouir en reùalisations peùdagogiques capables d’assurer une promotion vraie aø tous les jeunes Vietnamiens.

Il est eùvident qu’une orientation de ce genre ne pourra eâtre ni penseùe ni reùaliseùe du premier coup dans tous les deùtails, que seules l’expeùrimentation et la pratique pourront en reùveùler les erreurs ou les deùfauts, et qu’il sera d’une eùleùmentaire sagesse de proceùder aø la veùrifiaction de la valeur d’une hypotheøse par la confrontation avec la reùaliteù.
Il faudra donc mettre ce travail aø l’eùpreuve du feu de la discussion, de l’interpreùtation... et aussi de la reùalisation. Car, ne perdons pas de vue que le dialogue ne doit pas s’instaurer uniquement au niveau des principes et des meùthodologies non appliqueùes. Il semble au contraire, que le dialogue est d’autant plus valable et qu’il n’a quelques chances de succeøs qu’au cours d’une ou de plusieurs reùalisations preùcises.

Le Gouvernement du Viet Nam a fait certes un effort courageux pour la scolarisation malggreù une situation de guerre qui n’a pas cesseù depuis 20 ans, mais on peut se demander si l’investissement en vue de recherches de meùthodes adapteùes aø notre pays et aø la jeunesse vietnamienne a eùteù suffisant, si par pragmatisme superficiel on ne s’est pas contenteù de suivre ou d’importer meùthodes, proceùdeùs bons pour d’autres pays que le noâtre?
A notre avis, il semble qu’il faudra plus que par le passeù, non seulement ouvrir des eùcoles et alphabeùtiser tout venant, mais encore par des colloques, par une reùflexion poursuivie aø tous niveaux, par l’eùtude des proceùdeùs et techniques employeùs par les pays de notre niveau de deùveloppement, aø chercher aø preùparer un inventaire exhaustif de possibiliteùs et des reùalisations dans le sens de la deùmocratisation de l’enseignement en vue de la collectivisation qui aille cependant dans la ligne des valeurs vietnamiennes que nous avons releveùes au cours de ce travail.

Tant que l’eùducation sera marginale, tant qu’elle sera le fait d’eùvolueùs n’ayant pas d’incidences immeùdiates et concreøtes avec la masse de la ville et de la campagne, il sera vain de parler de collectivisation, ni meâme de peùdagogie de la personne inseùreùe dans son milieu de vie. Pour cela, que l’eùcole ne deùtache pas le jeune de son milieu naturel ou lui impose un comportement qui ne s’accorde pas aø la vie quotidienne des autres, mais qu’elle soit avant tout un facteur d’eùpanouissement personnel et collectif.
Pour cet effet, que les eùtudes fassent souvent appel aø des travaux de groupes, mais ne s’instaurent pas dans un contexte compeùtitif individuel; que l’eùcole devienne une cellule aussi proche que possible du quartier, du village, du lieu d’implantation ouø revivent tous les probleømes immeùdiats, ouø soient repris comme d’un patrimoine toutes les valeurs veùcues effectivement par les personnes du coin. Souhaitons qu’enfin, une collaboration soit toujours entretenue entre les gens de la place et les eùducateurs: que ces derniers acceptent la facon de parler et de penser paysanne ou citadine, meâme si elle ne s’eùlabore pas dans la pureteù d’une langue et de concepts intellectuels... mais qu’aø travers tout cela, ce soit la vie qui passe, la vie reùelle qui soit reprise, reùinterpreùteùe, reùajusteùe sur un modeøle dynamique et prometteur.
N’oublions pas qu’un jeune aujourd’hui ne peut plus s’eùduquer seul: les meùdiations eùducatives ne peuvent se restreindre au seul peùrimeøtre de l’institution scolaire, elles sont aø deùcouvrir et aø exploiter au coeur meâme de la vie, au sein de la famille, de l’eùquipe de jeunes, d’habitueùs du quartier.
Enfin l’eùducation sera donc aø la fois un certain regard porteù sur les gens et les choses, allieù aø une compeùtence reùflexive et "responsive" qui permet de muer la prise de conscience des reùaliteùs en adaptations dynamiques en vue de leur eùvolution.

Ce qui nous permet de finir en rappelant combien il est indispensable d’eùduquer constament le monde adulte, celui des jeunes marieùs, celui des parents, parce que ce sont eux qui finalement forment la jeunesse...
A notre avis, l’eùducation la meilleure sera toujours le fruit d’une preùsence d’adulte au coeur des attentes, espoirs et deùsirs de la jeunesse. L’eùducation des jeunes comporte donc neùcessairement l’eùcole des parents. Car le probleøme - et il reste entier - ne serait-il pas que les jeunes d’aujourd’hui s’adaptent plus vite que les adultes aø la situation nouvelle d’un "pays nouveau" qui nait dans la trageùdie d’une guerre?