CHAPITRE III

INTEÙGRATION DES JEUNES
DANS DES COMMUNAUTES VOLONTAIRES

index
1. Socialisation des jeunes Vietnamiens
2. Comment orienter cette socialisation?
    a) Roâle de l’eùducateur
    b) Ecole, eùducatrice du Sens de Gratuiteù
    c) Ecole, apprentissage de la Justice
    d) Ecole, apprentissage de l’Amour
3. Mouvements de Jeunesse
4. Vers une Education Permanente

Il ne suffit pas pour eâtre une personne, d’eâtre unifieùe, autonome, libeùreùe, il faut qu’elle soit en relation, ouverte aux autres. C’est une autre dimension constitutive de la personne.
Pour faire passer des valeurs, nous disions plus haut, il faut une culture, car, chaque homme veut trouver des solutions aux probleømes poseùs au cours de son existence. La culture est laø pour theùsauriser les solutions, transmissibles aø travers les geùneùrations. Et cette transmission se fait aussi aø travers les expeùriences.
Or, l’expeùrience sociale est la seule qui soit transmissible de groupe aø groupe, de personne aø personne. Les solutions aux probleømes humains ne se trouvent pas seules. L’homme doit s’inteùgrer dans une socieùteù pour trouver un "pattern", guide aø partir duquel il va mouler son comportement. C’est avec raison que Gaston Berger a eùcrit: "Pour que la valeur s’impose aux jeunes, il faut qu’en groupe existent la notion et l’expeùrience des valeurs."

D’ores et deùjaø nous pouvons mesurer l’urgence pour les eùducateurs d’aider les jeunes aø s’inteùgrer dans des "communauteùs volontaires" aø l’inteùrieur desquellles ils vont pouvoir saisir le sens de leur existence personnelles et le sentiment de leur responsabiliteù vis-aø-vis du groupe.

1. Socialisation des jeunes Vietnamiens

Les jeunes Vietnamiens disposent pour cela d’un puissant dynamisme inteùrieur - le Sens de la Communauteù et le Sens du Don - qui va leur permettre, sous certaines conditions, de reùaliser leur personnalisation optima, sans neùgliger le facteur social qui le soutient.
Nous avons maintes fois insisteù dans ce travail, sur une reùnovation des structures sociales au Viet Nam. Le jeune Vietnamien se sent donc tellement concerneù dans cette "meùtamorphose sociale" que la personnaliteù meâme y est engageùe, car cette dernieøre va deùcouvrir une autre dimension: la capaciteù des relations interpersonnelles profondes et varieùes, base du dialogue, de la socialisation et de la communauteù humaine.
"La grande valeur pour un adolescent n’est pas celle des principes de direction inteùrieure qui viennent de la famille, de ses maitres ou des institutions; c’est celle de son inteùgration sociale. Car c’est par cette inteùgration au groupe qu’il acquiert la valorisation de sa personnaliteù et le domaine de sa propre expeùrience "

A ce propos, nous avons, au cours d’une rencontre fraternelle avec un groupe d’eùtudiants vietnamiens aø Paris au mois de deùcembre 1967, discuteù sur leurs conditions socio-psychologiques aø l’eùtranger, et incidemment abordeù le probleøme de leur expeùrience de socialisation.
Sur les 26 preùsents, 21 ont affirmeù qu’ils ont eu des expeùriences veùcues de la vie en eùquipes, et qu’ils ont beaucoup aimeù leur initiative dans ce domaine.

Nous avons remarqueù ensuite que sur les 5 qui n’ont pas risqueù cette expeùrience de vie communautaire, 4 sont en France depuis 8 ans et dont les reùsultats acadeùmiques ne sont pas treøs fameux: cette dernieøre preùcision en dit long. D’ailleurs, la question suivante va nous eùclairer sur ce besoin de socialisation. Nous leur avons demandeù quelle eùtait leur premieøre impression lorsqu’ils venaient d’arriver en France (au point de vue social). Presque tous ont reùpondu qu’en plus de ce deùpaysement du deùbut, l’individualisme des Francais les eùtonne et les fait reùfleùchir: respect excessif de la vie priveùe de chacun, distinction meùticuleuse entre le "tien" et le "mien" au sujet des relations familiales, et meâme dans le domaine financier (compte en banque personnel...)
Face aø ce comportement qui les eùtonne d’abord, mais qui ne manque pas de leur poser presque un probleøme de conscience, leur morale et leurs valeurs se situant sensiblement aø l’opposeù de cela, ces jeunes se sont reùagis rapidement.
La vie communautaire leur apparait tellement naturelle qu’ils ont tendance aø consideùrer ceux qui la neùgligent ou s’en deùtachent comme des individualistes, des eùgoistes. Ils ont tant appris aø s’effacer qu’ils trouvent irrespectueuses les manifestations du "moi" trop voyant de l’Occident. Pourtant, ce dernier ne semble pas aussi mauvais qu’il n’en a l’air. Il a bon coeur et il est disciplineù. Sa discreùtion sur la vie des autres et sur la sienne propre a quelque chose d’extreâmement ageùable. Sa liberteù de mener sa vie comme il l’entend, sans trop se soucier du "qu’en-dira-t-on" est tout de meâme attirant.
Nous voyons donc que le "Sens de la Communauteù" est un eùleùment positif pour la socialisation des jeunes Vietnamiens, tout comme aussi une aide importante pour la maturation de leur personnaliteù. Mais, encore faut-il l’orienter, car treøs vite cet esprit de solidariteù naturelle va deùgeùneùrer en esprit de chapelle qui se referme sur un petit groupe, nous nous trouverons alors devant le pheùnomeøne d’un "individualisme collectif" qui refuse l’ouverture, l’acceptation d’autrui.

Il est donc important que l’eùducateur vietnamien mette son attention aø susciter non seulement la formation des communauteùs volontaires, spontaneùes, mais ausi d’un autre coâteù, essayer de former des personnes en situation de groupe c’est-aø-dire des personnes qui continuent aø rester elles-meâmes tout en ayant le souci de s’ouvrir aux autres, de les accepter diffeùrents d’eux. A ce niveau, certaines initiatives reùaliseùes ici ou laø dans quelques eùcoles au Viet Nam sont aø encourager et aø soutenir: des compeùtitions sportives interscolaires, des eùchanges de vues entre les jeunes de meâme classe de plusieurs eùcoles sur un sujet donneù, des seùances de cineù-forum reùunissant ces eùleøves de formation et de confession diffeùrentes autour d’un probleøme de vie auquel ils sont inviteùs aø reùfleùchir et quelquefois aø prendre position. Qu’elles sont beùneùfiques ces rencontres de jeunes ouø le roâle de l’adulte serait plutoât modeste, une preùsence qui rassure qui encourage plutoât qu’il ne s’impose.

Il nous reste aø voir quelles sont les caracteùristiques de cette socialisation des jeunes Vietnamiens: Le jeune, nous l’avons vu plus haut, est treøs sensible aø la reùaliteù concreøte et aux situations humaines. Pour lui, elles ont une valeur en elles-meâmes, mais aussi il leur reconnait la capaciteù de l’inteùgrer dans la vie du groupe. Dans sa recherche, il fait la deùmarche inverse de ceux qui sont plus aâgeùs que lui. Pour lui, ce qui "existe", ce ne sont pas les cadres et les lois preeùtablies, mais les personnes qu’il rencontre et les faits sociaux ou de civilisation qui reùsultent de ces rencontres et de ces dialogues. Nous assistons alors aø la confrontation tradition-incarnation.
Ce deùsir d’incarnation, il le transporte dans la constitution des groupes qu’ils se choisit. Ces groupes, comme la vie d’ailleurs, eùvoluent et s’adaptent aux circonstances dicteùes par le travail parfois, mais la plupart du temps par le loisir. Ils se greffent ainsi sur des structures plus souples du passe-temps et rejettent par le fait meâme le cadre rigide des institutions. C’est ce que nous avons appeleù jusqu’aø preùsent des "communauteùs volontaires" que tout eùducateur eùveilleù aux probleømes des jeunes s’efforcera d’encourager, et surtou d’accepter le mode de socialisation qui n’est plus celui de sa jeunesse.
R. Babin a eùcrit aø ce sujet: "Il n’existe pour les jeunes (actuels) d’autres manieøres de communier au groupe: on lit les meâmes revues, on eùcoute les meâmes disques, on adopte tout ce qui caracteùrise la bande, son langage, ses criteøres, ses principes et jusqu’aø sa manieøre de s’habiller...Lorsqu’on se rencontre deux ou trois dans la rue, on cause ensemble un moment: ca suffit pour se sentir noueù aø la bande, on est heureux parce qu’on a vu les Copains" (Babin - Options, p.98)

Ainsi donc pour le jeune, ne vit que ce aø quoi il participe, et qui peut l’inteùgrer dans son groupe et devenir matieøre aø eùchange. Pour lui, la famille et l’eùcole n’ont de valeur qu’en fonction de cette participation et de cette inteùgration.
Nous touchons ici du doigt les probleømes de possibilteùs treøs grandes et des risques certains de ce mode de socialisation des jeunes actuels.
A nous, eùducateurs, d’essayer de les orienter.

Nous reprenons ici une ideùe qui nous est cheøre: De par leur psychologie interne, le pheùnomeøne "groupe" est quasi naturel chez les geùneùrations de jeunes d’aujourd’hui. Aussi, nous permettons-nous de nous dispenser de relever des valeurs positives que la vie d’eùquipe peut contribuer dans la formation des jeunes. Un autre aspect semble cependant retenir davantage notre preùoccupation, eùtant donneù l’existence de handicaps reùels pour les jeunes Vietnamiens dans leur vie en groupe: la susceptibiliteù du caracteøre, un certain sentiment de rivaliteù sournoise, l’enteâtement aø deùfendre leur opinion personnelle etc...Tout cela constitue des deùfauts de leurs "qualiteùs ethniques", il faut franchement les reconnaitre.
C’est pourquoi les eùducatuers vietnamiens auront inteùreât aø mettre l’accent de leurs efforts sur la formation des jeunes au travail en groupe, mieux, la formation de leur personnaliteù en situation de groupe, car le type de personnaliteù actuel serait deùfini moins en termes de structure internes qu’en termes de relation: "Une personnaliteù serait alors un eâtre capable de relations personnelles profondes et varieùes, susceptibles d’eâtre autant influenceù par les groupes humains que d’exercer sur eux une influence, capable de reùfleùchir et de prendre ses deùcisions, non en isoleù, mais en accord et communion avec le groupe" (Babin - Options, p.91)

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2. Comment orienter cette socialisation?

a) Roâle de l’eùducateur

Concreøtement, que pourrions-nous envisager pour aider nos jeunes dans leur socialisation? Tout d’abord, il s’agit moins d’une meùthode aø adopter qu’une mentaliteù aø changer. Et c’est laø que nous allons nous heurter aø cette sacro-sainte conception de l’autoriteù.
Il faut reconnaitre que nos jeunes deviennent de plus en plus "allergiques" au style d’un maitre lointain et abstrait. Que veulent-ils au juste?
Certainement pas autre chose qu’un nouveau mode de preùsence de l’eùducateur au groupe. Ils verraient volontiers un eùducateur qui sache "participer" aø leurs angoisses, aø leurs recheches plutoât que de chercher aø tirer le groupe aø ses propres normes de conduite ou aø imposer ses points de vue personnels. En d’autres termes, par sa preùsence aø l’inteùrieur du groupe, il s’efforcera d’eùveiller les jeunes aux valeurs, de leur proposer des criteøres d’eùvaluation, en un mot, de se faire accepter par le groupe, faute de quoi il risque de n’eâtre plus sur la meâme longueur d’onde que ses jeunes.

L’eùducateur vietnamien aurait plus de chance aø reùussir dans un milieu de jeunes d’aujourd’hui s’il savait assouplir progressivement le systeøme disciplinaire en favorisant un climat de dialogue dans le respect des personnes, en participant plus effectivement aø leurs rencontres (loisirs, clubs, sorties...); c’est aø ce niveau-laø que se situe la vraie eùducation aux valeurs, car, une fois encore, les valeurs ne doivent jamais eâtre deùcoleùes de la vie.
Tant que nos jeunes ne sont pas reùellement heureux dans nos institutions, avons-nous le droit de parler d’eùducation? C’est en prenant au seùrieux leurs inteùreâts humains que nous creùons le climat favorable d’une rencontre sur le plan eùducatif. Cela entraine peut-eâtre pour l’eùquipe eùducatrice de remettre en cause le systeøme (administration, discipline, meùthode de travail...). L’avenir de notre pays, la raison d’eâtre de notre vocation d’eùducateurs ne vaudraient-ils pas la peine de courir ce risque?

Cela dit, reste un probleøme au niveau des meùthodes: Comment aider les jeunes Vietnamiens aø s’eùpanouir dans le groupe, et plus concreøtement, comment leur apprendre aø travailler efficacement en eùquipe, compte tenu des difficulteùs caracteùrologiques que nous avons signaleùes plus haut?
Tout d’abord, essayons de les ouvrir au sens de la communauteù laø ouø ils vivent, leur faire prendre conscience que "participer activement aø la vie d’une communauteù, c’est "servir", c’est chercher aø mieux "deùcouvrir" les autres, c’est apprendre aø "reùagir en fonction du groupe" (non pas "ca me plait", mais "ca pourrait nuire au groupe".
Ce travail de l’eùducateur semble au premier abord ne pas comporter de difficulteùs bien grandes (le Sens de la Communauteù, le Sens du Don, naturels au Vietnamiens eùtant des dynamismes puissants. Mais, aø bien reùfleùchir, transformer une puissance d’inertie en une veùritable source d’eùnergie, c’est autrement plus compliqueù que des principes!

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b) Ecole, eùducatrice du Sens de Gratuiteù

Sans vouloir entrer dans les deùtails, nous dirions qu’il s’agit d’abord de deùvelopper chez les jeunes le sens de leur vocation humaine en fonction des autres et dans la reùciprociteù. Pour cela, il faut qu’il sente vraiment que la vie de groupe les aide aø eâtre plus eux-meâmes et aø se sentir solidaires et responsables des autres, responsable de la marche de l’ensemble. Les amener aø porter le groupe et aø prendre souci de son eùvolution. Par exemple, organiser une reùunion pour eùtudier les probleømes de classe, plutoât que d’en parler aø deux ou aø trois d’une facon steùrile.

Cependant, dans notre action, n’oublions pas que le cadre dans lequel se concreùtise l’eùtape de la jeunesse, oppose la valeur d’efficaciteù aø la valeur de gratuiteù. Disons plutoât que celle-ci oriente celle-laø. Les diffeùrentes communauteùs humaines, envisageùes aø partir des causes qui commandent leur inspiration et leur structure, regroupent l’ensemble des eâtres humains. Les jeunes ne se regroupent pas volontiers par la communauteù de sang, la famille, ni dans une communauteù creeùe par le lieu d’habitation, la paroisse, le quartier, du moins pas fondamentalement. Ils preùfeørent se grouper plutoât par communauteùs dicteùes par leurs occupations ou leurs loisirs. En effet, c’est dans le loisir que le jeune se cultive tout autant et meâme plus que dans le milieu scolaire, n’eùtant pas talonneù par le besoin de "produire", il peut se permettre de "prendre du temps" pour des valeurs qui apparemment ne sont pas rentables.

C’est donc sur ce theøme de la Gratuiteù que le jeune va se socialiser; car le deùsir le conduit naturellement vers l’autre, d’abord par inteùreât, puis pour s’inteùgrer dans un groupe, et enfin pour collaborer. Ces rapports favorisent non seulement les contacts avec autrui, mais permettent surtout au jeune de deùcouvrir l’autre et de se sentir responsable de lui.

On ne peut parler veùritablement de travail d’eùquipe qu’une fois ce stade atteint, c’est-aø-dire quand le sentiment de responsabiliteù et de gratuiteù aura eùteù profondeùment assumeù.
Toujours dans le contexte de cette meâme rencontre avec les eùtudiants vietnamiens aø Paris, nous avons eùtudieù ensemble les conditions de la vie d’eùquipe, en reùfleùchissant aø la question:
"Qu’est-ce qui, selon vous, favorise ou nuit aø la vie d’une eùquipe?"

A cette question, la premieøre reùponse fut la restriction du nombre des membres dans l’eùquipe: plus de la moitieù eùtait d’accord pour que ce nombre ne deùpasse pas 12. Ils ont appuyeù leurs raisons sur les reùflexions suivantes: On se connait mieux, on peut s’exprimer plus facilement quand on est peu nombreux. On ne se sent pas "anonyme" dans le groupe. Ensuite pour la plupart, les facteurs qui semblent favoriser le travail d’eùquipe seraient: la participation active par l’effort de chacun, le respect de l’opinion de l’autre meâme lorsqu’on est pas d’accord avec lui. (Ici, un eùtudiant a fait remarquer que "nous, Vietnamiens, avons quelquefois tendance aø nous replier sur nous-meâmes dans une "deùfense passive" lorsqu’il nous arrive de ne pouvoir admettre une ideùe qui n’est pas exactement comme la noâtre"). Certains admettent la participation des adultes dans le groupe pourvu que ceux-ci soient compeùtents et compreùhensifs.
De ces constatstions venues des jeunes Vietnamiens eux-meâmes, essayons de tirer quelques orientations peùdagogiques: Les jeunes preùfeørent les petits groupes aø dimensions humaines aux grands groupes ouø le contact interpersonnel n’est que superficiel. A l’eùducatuer de veiller de telle sorte que ce "petit groupe" ne s’enferme pas sur lui-meâme, vivant en ghetto, perdant ainsi toute initiative de rencontre et d’eùchange. C’est pourquoi il serait bon de temps aø autre d’encourager les mises en commun, des travaux exigeant la collaboration de plusieurs eùquipes.

Une deuxieøme exigence est aø retenir dans la conception de la vie en groupe chez les jeunes: le deùsir d’eùpanouissement personnel et le besoin de participation effective. A notre avis, c’est laø la cleù de voute de l’ eùducation sociale aø donner aø nos jeunes. Ne commettons pas cette erreur de pousser indistinctement tous les jeunes dans des groupes bien organiseùs, parfaitement structureùs et encadreùs par des adultes. C’est la meilleure facon de les deùsaffecter de plus en plus de la socieùteù des adultes dans laquelle ils se preùparent aø entrer demain. D’autre part, il ne faut pas non plus invoquer le preùtexte de non-directiviteù pour les laisser se deùbrouiller tout seuls, car la meilleure eùnergie laisseùe aø elle-meâme sans la canaliser, s’eùpuise vite.
Sachons ensuite orienter leur besoin d’identiteù et de participation en leur faisant comprendre ce que le travail de groupe exige d’eux: la remise en question d’eux-meâmes et la disponibiliteù; en meâme temps qu’il leur apporte richesses et solitude. Car ils doivent accepter la tension constante entre la solitude fondamentale de la condition humaine et le deùsir de communiquer, de partager. Cette tension est d’autant plus difficile aø assumer que l’ethnotype introverti du Vietnamien ne favorise pas beaucoup cette deùmarche vers autrui.

Nous n’insisterons jamais assez sur le pheùnomeøne de socialisation du jeune par l’eùcole, en particulier pendant l’adolescence ouø le jeune prend conscience de ses forces personnelles, de l’originaliteù de son "propre moi" et en meâme temps des forces qui l’entourent, qui s’opposent plus ou moins aø lui et dans lesquels il lui va falloir inseùrer sa propre personnaliteù. Nous avons peine quelquefois, nous, les adultes, aø reùaliser la graviteù et la profondeur de cette transformation. L’eùcole n’est pas un prolongement de la famille. Elle est un monde nouveau, porteur de valeurs tout aussi bien que de non-valeurs qui s’offrent tous les jours au choix du jeune. L’eùcole, de par son organisation, exige du jeune un comportement social, lui apprend de ce fait aø deùcouvrir peu aø peu les valeurs fondamentales de la vie.

Vu le cadre bien limiteù de notre travail, nous ne nous attardons que sur deux points qui nous semblent plus importants: l’eùcole, aprrentissage de l’Amour et de la Justice.

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c) Ecole, apprentissage de la Justice

Dans ce qui preùceøde, nous avons analyseù assez longuement le pheùnomeøne de socialisation des jeunes par l’eùcole. D’embleùe, nous avons reconnu que l’eùcole est bien le climat privileùgieù pour le jeune pour se construire, se connaitre: aø partir des communauteùs qui se creùent spontaneùment, le jeune se deùcouvrira, non comme un eâtre isoleù, mais comme la partie d’un tout, comme membre d’une communauteù dans laquelle il n’a pas plus de droits que les autres, et ouø il a aussi des devoirs. Ainsi, la veùriteù sur soi doit conduire aø la veùriteù sur les autres, si elle ne veut pas demeurer incompleøte. Or la veùriteù sur les autres, c’est la justice.

Pour les Vietnamiens, le sens de la justice est d’autant plus aigu que les obligations morales confuceùennes sont plus impeùrieuses, et que leur sens d’observation leur permet de discerner plus facilement ce qui doit revenir aø autrui. De ce fait, l’eùducation au sens de la justice doit prendre une place importante parmi les preùoccupations de l’eùducateur vietnamien.
Cette deùcouverte de l’autre, d’abord, cette communauteù de travail et de vie ensuite, peuvent provoquer des reùactions treøs diverses suivant les circonstances ou les tempeùraments. Dans cet affrontement quotidien ouø se faconne l’eâtre social, notre souci sera encore d’apprendre aux jeunes aø ne pas "tricher".
Parler de tricherie, ce n’est pas neùcessairement aux compositions ou aux reùcitations de controâle qu’il faut d’abord penser. Nous devons pousser plus loin et aller au fond du probleøme:
Tricher, c’est cesser d’eâtre soi-meâme; c’est se deùrober et fuir ses responsabiliteùs envers le groupe auquel on appartient. Il triche, le jeune qui ne va vers l’autre que pousseù par son inteùreât; celui qui asservit les autres, fait centre autour de lui, et, finalement, ne se deùplace que pour demander un service ou pour reùclamer un droit.

Justice, c’est la veùriteù sur les autres, c’est deùcouvrir d’abord qu’ils existent. Que dire de ces classes ouø trois mois apreøs la rentreùe, certains ignorent encore meâme le nom de leurs camarades. Timiditeù ou refus d’acceptation? En tout cas, on a fait un choix, une ligne de partage entre ceux qui ont droit d’exister et ceux qui n’en sont pas dignes: isoleùment egoiste d’un petit groupe preùoccupeù des inteùreâts d’une minoriteù!
Reconnaitre deùjaø aø l’autre le droit d’exister, le nommer par son nom, c’est un premier teùmoignage de justice qu’on lui apporte. Reconnaitre que parce qu’il a un coeur, une intelligence, une aâme, il est digne de respect, digne d’eâtre eùcouteù, digne qu’on lui reùponde, digne d’eâtre pris en consideùration et digne eâtre aimeù. Il appartient donc aø l’eùducateur de donner en premier lieu le teùmognage de cette justice dans tout son comportement aø l’eùgard de ses eùleøves: pas de preùfeùrences injustifieùes, pas de favoritisme qui reùvolte le plus simple bon sens.
Cependant, dans la pratique, ce qui nous coute le plus, c’est de pouvoir agir selon les normes d’une justice habituellement accepteùe. Impossible de donner la meâme mesure aø chacun. D’autre part, instinctivement, aucun eùleøve n’accepte d’avoir une part moins forte de l’attention du maitre que les autres. Il faut parer au mal aussi efficacement que possible. Nous suggeùrons par exemple, deøs le deùbut d’essayer de "deùpister" ceux qui ont le moins besoin nous, et aø les contacter pour leur expliquer que si l’on s’occupe moins d’eux, ce n’est pas par manque d’inteùreât, mais parce que d’autres sont plus en difficulteù.

Dans cet apprentissage de la justice, invitons nos jeunes aø aller plus loin, aø deùpasser leurs "droits" pour se retrouver dans des devoirs envers le groupe. En effet, la communauteù n’a pas seulement pour but d’unir les membres afin de s’appuyer les uns sur les autres pour arriver aø la maturation personnelle. Bien plus que cela, la communauteù les lie entre eux de telle sorte qu’ils progressent ensemble. Chacun devient , du progreøs de l’autre, de la promotion de l’autre. Dans cet objectif, la paresse, l’indolence intellectuelle de chacun seraient consideùreùes comme des facteurs qui freinent l’avanceùe de la classe, tout comme l’ardeur du travail, l’entr’aide fraternelle seraient comprises comme des eùleùments positifs qui contribuent aø la promotion de tous. C’est sans doute dans cette ligne qu’il faudrait orienter l’eùmulation de nos eùleøves.

Dans le meâme ordre d’ideùe, la discipline, les reøglements de l’eùcole, s’ils ne sont pas arbitraires, s’expliquent de la meâme facon. Le silence en eùtudes ou en classe, la pontualiteù, un climat d’ordre qui favorise le travail de tous, fournissent occasions et moyens de faire attention aux autres, de respecter leurs droits. Si nous savons les preùsenter correctement, en leur donnant leur vrai sens, leur valeur sociale profonde, cacheùe, ils conduisent certainement aø la deùcouverte difficile de ce bien commun qui deùpasse celui des individus mais que l’on ne peut ignorer sans injustice, meâme dans ce monde d’hommes en devenir qu’est une eùcole.

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d) Ecole, apprentissage de l’Amour

Vouloir le bien du petit groupe dans lequel on vit, respecter autrui, porter attention aø chacun, s’ouvrir plus largement aux vertus civiques, ne peuvent eâtre des attitudes purement rationnelles, baseùes simplement sur l’existence chez les autres des droits paralleøles aux noâtres. Pratiquer la justice est chose impossible sans un commencement d’amour. Certains eùducateurs donneraient spontaneùment aø ce mot "Amour" une charge morale ou religieuse. Tel n’est pas notre orientation pour l’instant: nous nous placons simplement au plan social.
Il y a dans ce sentiment d’appartenance aø une communauteù de travail, de loisir, de recherche, quelque chose qui ressemble, qui approche, qui attache. Nous en avons parleù longuement plus haut. Notons qu’il ne suffit pas de dire aø nos eùleøves qu’ils font partie d’une classe, d’une eùcole qu’ils doivent aimer, mais il est de notre devoir d’eùducateurs de rendre ces communauteùs "aimables" afin que nos jeunes soient fiers et heureux de leur appartenir.

Certains d’entre nous ont veùcu l’expeùrience de ces feâtes de l’eùcole, ces feâtes de classe, ces sorties en plein air, ces travaux accomplis en commun...Nous en avons mesureù les bienfaits. Pourquoi n’avons-nous pas ce souci de promouvoir ces reùalisations qui soudent et qui unissent?
D’autres pensent qu’il suffirait de reùunir quelques gars autour d’un probleøme de geùomeùtrie ou de quelques questions d’histoire pour que ces derniers reùalisent d’embleùe ce sentiment de participation qui engendre l’amour. Ce pourrait eâtre possible pour une classe deùjaø "roâdeùe" au travail d’eùquipe.

A notre avis, ce sera peut-eâtre un feu de joie preùpareù et participeù ensemble, une exposition monteùe en commun avec des moyens de fortune de la classe, ce sera l’organisation d’un Arbre de Noel pour les orphelins, organisation aø laquelle toute l’eùcole, toutes les classes auront eùteù sensibliliseùes par des affiches, des slogans, preùpareùs en eùquipes. Il ne faut pas neùcessairement chercher des activiteùs loin de la classe, il serait meâme meilleur qu’elles naissent de la classe elle-meâme. Nous eùvitons ainsi du "plaqueù", du surajouteù. Ces activiteùs donneront aø nos jeunes l’occasion de travailler ensemble, de se connaitre, d’appreùcier. Ceux qui d’ordinaire ne brillent pas en classe se reùveùleront peut-eâtre plus habiles aø peindre des deùcors ou aø combiner les jeux de lumieøres.. Ils y perdront ce sentiment d’infeùrioriteù neù de l’eùchec scolaire; ils reprendront de l’assurance aupreøs de leurs camarades. Ils sortiront d’un repliement sur soi que l’on appelait eùgoisme mais qui pourtant eùtait au fond, deùcouragement. On apprendra aøles aimer, ils apprendront aø se donner. Le sens du bien commun nait de ce sentiment de participation au groupe. Donc, il s’acquiert.

Rappelons pour terminer, que faire travailler les jeunes ensemble, c’est les amener aø deùcouvrir qu’ils existent, qu’ils existent avec leurs richesses mais aussi avec leurs probleømes; c’est entrevoir leurs attentes et leurs deùtresses, c’est frayer la voie aø l’amour le plus authentique. Ainsi contrairement aø ce que l’on croit trop facilement, l’amour n’est pas une attitude spontaneùe.
L’eùducation aø l’amour vrai est laborieuse.

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3. Mouvements de Jeunesse: facteurs de socialisation des Jeunes en dehors du cadre scolaire

Nous avons effleureù volontairement le roâle de la famille en tant que groupe dans la socialisation des jeunes Vietnamiens, car nous croyons avoir insisteù suffisamment sur ce point tout au long de notre travail.
Une autre question cependant se pose aø notre conscience d’eùducateur: Allons-nous nous contenter de susciter la formation des groupes, des communauteùs volontaires pour eux-meâmes? Il est bien eùvident que non.

L’ecole - malgreù l’effort d’ingeùniositeù qu’on y aura deùployeù - restera un milieu transitoire, et de ce fait, un milieu artificiel par rapport au milieu de vie dans lequel les jeunes seront appeleùs aø vivre plus tard.
D’ouø le neùcessiteù de leur faire trouver des "relais" en dehors du cadre disciplinaire de l’eùcole, ouø ils pourront s’engager plus librement et ouvrir davantage le cercle de leurs relations interpersonnelles.

Nous voudrions faire allusion ici aø l’efficaciteù indeùniable de l’aide qu’ont apporteù les Mouvements de Jeunesse dans la socialisation des jeunes Vietnamiens. Sur ce plan, nous risquons de tomber dans la tentation de privileùgier un Mouvement au deùtriment des autres. Nous acceptons d’avance ce risque. Rappelons-nous que le but de notre travail est de partir des reùaliteùs existantes du pays pour les orienter vers une eùducation aux valeurs plus aø la porteùe de nos compatriotes.

Certes, les Mouvements d’Action Catholique, qu’il soient geùneùrale ou speùcialiseùe et dont le but est avant tout pastoral, ont donneù des reùsultats trop convaincants pour que nous, eùducateurs, puissions leur refuser notre encouragement et soutien aø travers leur action dans les contextes qui leur sont propres.
Mais dans un pays ouù la majoriteù reste non-chreùtienne, il nous semble neùcessaire de penser aø une "formule" qui puisse aø la fois respecter les convictions religieuses de chacun, et l’aider aø s’eùpanouir reùellemet dans un groupe qui lui aura proposeù des valeurs aø sa taille et conformes aø la vision du monde imprimeùe en lui par la culture et la civilisation nationales.

Le reùcent deùcret ministeùriel du Deùpartement de l’Education Nationale du Viet Nam encourageant les Mouvements de Jeunesse, particulieørement le Scoutisme, nous invite aø reùfleùchir sur la valeur eùducative de ce dernier Mouvement dans le milieu vietnamien:
Les "scouts" vivent au contact avec la nature: il y a d’abord le camp, eùcole de plein air, ouø l’on peut vivre une vie saine et calme. Ce facteur semble convenir au tempeùrament pacifique, "contemplatif" du Vietnamien, toujours en aspiration vers une vie en symbiose avec la nature. Il y a aussi des sorties durant l’anneùe: la route, le raid, l’exploitation. Dans ces temps forts s’additionnent, se conjugent le bienfait du plein air et la rencontre des hommes. Cadre exigeant qui appelle l’asceøse, car il faut souvent lutter contre le vent, la pluie, le soleil...
Meilleure occasion pour les jeunes ruraux d’eùprouver la joie de la vie en plein air, excellent moyen pour les jeunes "bourgeois" de la ville de s’aguerrir, de se viriliser. Ensuite, de tempeùrament eùmotif, imaginatif, le jeune Vietnamien appreùciera aø travers les heùros et les mythes que lui propose le scoutisme, une force de propulsion vers l’activiteù qui semble relativement faible dans l’ethnotype vietnamien.
Mais par-dessus tout, aø notre avis, le jeune Vietnamien va trouver dans la "Patrouille" scoute les meilleurs eùleùments de sa maturation personnelle et de sa socialisation.

La Patrouille, c’est une "reùpublique" des garcons entre eux.
En effet, si l’on veut respecter les jeunes dans leur personnaliteù propre, il faut leur laisser la liberteù d’eâtre eux-meâmes selon leur propre rythme, de reùaliser des exploits de leur taille.
Cette meùthode comporte un risque eùvident: Il y a ici un renforcement du danger pour les jeunes Vietnamiens de transformer ces patrouilles en cercles fermeùs. C’est donc ici qu’intervient le roâle de l’eùducateur.

"Une eùducation du semblable par le semblable". En effet, ce seront les garcons qui, sous la preùsence discreøte de l’eùducateur, se formeront mutuellement aø coups reùpeùteùs d’entr’aide et de correction fraternelle. Laissant aux garcons leur milieu naturel de vie, l’eùducatuer sera aø meâme de constater une "auto-eùducation" rapide et efficace. Education qui sera d’autant plus facile que la famille et l’eùcole ne la favorisent pas toujours aux yeux des jeunes, ces milieux sont souvent trop autoritaires et qui n’ont de cadre qu’une trop grande rigiditeù.
Notons que cette eùducation dans le scoutisme se fait progressivement. Tout proceøde par eùtapes, chacune se terminant par une veùrification pratique que l’on appelle "eùpreuve" et qui en fait, n’est rien d’autre qu’une exigence controâleùe en communauteù. Cette meùthode a pour bon effet d’une part, de remeùdier aø l’aspect trop ceùreùbral de l’enseignement, d’autre part, de lutter contre le conformisme qu’il soit familial ou de "gang".

Enfin, l’eùleùment eùducatif qui nous semble le plus important et bienfaisant pour le jeune Vietnamien est "la loi de la Comunauteù": On reprochait injustement au scoutisme de former des individualistes. Il n’en est pas ainsi.
Car, chez les scouts, il existe un code d’honneur, un code du groupe, reconnu et accepteù par le groupe lui-meâme. La loi scoute est aø la fois personnelle et communautaire. Elle n’est pas impeùrative: "Tu feras ceci... Tu ne feras pas cela.." Pensons ici aø cette richesse de suggestion dans l’eùvaluation, dans le choix des valeurs. La loi scoute est plutoât "descriptive": elle fait le portrait du scout parfait: "Le scout met son honneur aø meùriter la confiance..."
Rapprochons-la avec la morale confuceùenne quand elle propose des modeøles (anh huøng, tröôïng phu), et nous verrons combien le scoutisme serre de preøs la mentaliteù des jeunes Vietnamiens, formeùs dans le climat d’une morale qui s’impose mais qui interpelle aø la fois chacun personnellement.
Cette loi de la communauteù scoute met ainsi au premier plan les valeurs les plus profondes de l’homme: la confiance, la loyauteù dans le respect de la parole donneùe, l’amitieù franche et cordiale, l’esprit de service et de joie. Elle est vraiment du style personnaliste, mais aø l’inteùrieur d’une participation communautaire. C’est le progreøs de chacun qui conditionne celui de l’eùquipe.

N’est-ce pas dans cette direction que nous sommes en train de chercher aø orienter notre Peùdagogie aux valeurs dans le milieu vietnamien?

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4. Vers une Education Permanente

La communauteù eùducative de l’Ecole, le climat fraternel des communauteùs volontaires (relais neùcessaires entre le cadre artificiel et transitoire de l’eùcole et la vie reùelle quotidienne), sont autant d’artisans indispensables et meùritoires dans la maturation personnelle et la socialisation des jeunes.
Cependant, il nous parait impardonnable de terminer ce travail sans parler du roâle de la famille comme soutient moral, et collaboratrice de la communauteù eùducative de l’eùcole dont normalement elle devrait faire partie.

Il est vrai qu’au Viet Nam, les familles s’occupent beaucoup de l’eùducation de leurs enfants. Cela se manifeste dans le souci des parents de choisir de bonnes eùcoles pour leurs enfants. Reconnaissons aussi que les "Associations des Parents" y sont treøs prospeøres et constituant une veùritable force morale. Mais, en dehors de ce "cadre leùgal" de leur preùsence dans les organisations eùducatives, pouvons-nous parler de leur vraie collaboration avec l’eùcole dans l’eùducation de leurs enfants? N’a-t-on pas rencontreù quelquefois certains parents qui, une fois qu’ils auront trouveù une "bonne eùcole" pour leurs enfants, ou qu’ils ont participeù reùgulieørement au frais de leur scolariteù, se consideørent comme acquitteùs de leurs obligations ? Nombreux sont les parents qui ne connaissent meâme pas le nom et la figure des professeurs de leurs enfants!

Mais ne sommes-nous pas aussi quelquefois, nous, eùducateurs, trop absorbeùs par notre fonction administrative dans l’eùcole, au point d’eâtre tenteùs de croire que la preùsence des parents d’eùleøves aø l’eùcole, leur rencontre ne sont qu’une formaliteù aø remplir, un devoir de conscience aø garder? Combien de fois avons-nous inviteù les parents des eùleøves aø l’eùcole pour parler d’eùducation de leurs enfants autrement que pour leur faire entendre des "sentences" de blaâme ou de renvoi de leur progeùnitures?

Ici, une objestion se pose: "Ces parents n’ont pas de temps. Et nous sommes constamment pris par nos obligations de professeurs"!
Nous sommes tous treøs occupeùs, il est vrai. Mais nous pensons que si ces rencontres entre Parents et Maitres avaient lieu une fois par trimestre, serait-ce une exageùration? Et puis pourquoi pas dans le cadre d’une journeùe de "boom" ouø les ideùes s’eùchangent non seulement entre les quatre murs d’une salle de reùunion, mais dans une atmospheøre plus deùtendue d’une salle aø manger ou d’un deùjeuner sur l’herbe pendant un jour de congeù?

Tout cela eùvidemment ne peut se reùaliser sous l’effet d’une baguette magique. Il faut risquer des expeùrimentations, preùvoir des eùchecs, sonder l’opinion, preùparer les esprits, creeùr au preùalable l’ambiance qui favorise la compreùhension reùcipropque et la volonteù de collaboration.
A ce niveau, nous pouvons rendre hommage aux efforts de certains groupes d’eùducateurs pour sensibiliser les parents au probleømes d’eùducation: des revues, des confeùrences, des colloques, des "feâtes des parents"... se sont organiseùes ici ou laø aø travers le pays.
C’est un premier pas. Mais c’est deùjaø beau, et c’est aø continuer...

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